Pages

mercredi 13 novembre 2013

Quelques lectures indispensables sur les églises issues de l'immigration africaine en Europe (2)


En Belgique aussi, les travaux se multiplient depuis quelques années sur ces églises. Il a déjà été question dans ce blog de la remarquable thèse de Sarah Demart soutenue en 2010 qui concerne pour partie le contexte belge, il faut signaler également la thèse de doctorat en anthropologie de Maïté Maskens qui, soutenue cette même année 2010, vient d'être publiée sous le titre : "Cheminer avec Dieu : pentecôtismes et migrations à Bruxelles" aux éditions de l'Université de Bruxelles. En voici la présentation par l'éditeur : 

"Depuis une trentaine d'années, des Eglises pentecôtistes portées par des groupes en migration ou issus de ceux-ci ont fait leur apparition dans la capitale européenne. Leur implantation et leur succès grandissants vont de pair avec l'intensification des flux migratoires de ces trois dernières décennies en provenance d'Afrique sub-saharienne et d'Amérique latine. Cet ouvrage entend explorer l'enchevêtrement particulier entre l'expérience migratoire d'acteurs euro-africains et euro-latino-américains à Bruxelles et leur affiliation religieuse au(x) pentecôtisme(s) dans cette même ville. 

A partir d'une ethnographie fournie et détaillée, ce livre se donne pour ambition de décrire et analyser les formes spécifiquement religieuses d'intégration dans la société d'installation. Dans ces espaces, les convertis travaillent collectivement à réaliser la transformation encouragée par le scénario religieux qui consiste à appliquer le "plan parfait de Dieu" dans leur vie. C'est ainsi que les fidèles qui sont aussi des migrants et dont la légitimité de citoyen à part entière est constamment mise en doute s'appuient sur la lettre biblique pour donner une consistance divine à leur présence sur le territoire belge."

_________________________________________________________
MASKENS Maïté, Cheminer avec Dieu : pentecôtismes et migrations à Bruxelles, Bruxelles, EUB, 2013, 220 p.
Maïté Maskens


Je n'ai pas encore lu l'ouvrage en question, mais il ne manque certainement pas d'intérêt, au vu des divers articles publiés précédemment par l'auteur dont plusieurs sont accessibles sur Internet (comme par exemple celui-ci :  http://assr.revues.org/16423).




Sarah Demart
La thèse de Sarah Demart, quant à elle, ne devrait pas tarder elle aussi à être publiée. En attendant, je recommande chaudement la lecture d'un numéro de la revue African Diapora,  rassemblant diverses contributions sous la direction de Sarah Demart (Congolese Migration to Belgium and Postcolonial Perspectives, African Diaspora, vol.6, 2013), en libre accès à cette adresse : http://booksandjournals.brillonline.com/content/18725465/6/1, notamment l'article signé collectivement par Sarah Demart, Bénédicte Meiers et Anne Mélice, intitulé "Géographies religieuses et migrations postcoloniales : déclinaisons kimbanguistes, pentecôtistes, et olangistes en Belgique" (pp. 122-149). Il y est question entre autres du ministère du Combat spirituel de la congolaise Elisabeth Olangi-Wosho à propos duquel on ne saurait trop conseiller également la lecture de la thèse de Julie Ndaya-Tshiteku qui s'est intéressée à l'implantation de ce mouvement aux Pays-Bas (voir ici). Concernant les travaux de Sarah Demart, un autre article, plus ancien, à mon avis incontournable est également accessible en ligne : http://remi.revues.org/4840.


Edit du 21.01.2014

En complément des références données ci-dessus au sujet du ministère du Combat spirituel, j'ai omis de mentionner que Bénédicte Meiers - qui co-signe l'article indiqué plus haut en lien - a publié à l'automne 2013 un ouvrage appelé à devenir une référence sur le mouvement olangiste : 

Le Dieu de Maman Olangi. Ethnographie d'un combat spirituel transnational (Paris, L'Harmattan/Academia, 2013, 264 p.) 




En voici la présentation sur le site de l'éditeur
Le mouvement religieux créé par le couple Olangi-Wosho sur les deux rives du fleuve Congo (Kinshasa et Brazzaville) en 1991 compte aujourd’hui plus de 180 sièges sur quatre continents. Une enquête de terrain au plus proche des réalités vécues aussi bien à Bruxelles qu’à Kinshasa a permis à l’auteur de rendre compte des raisons du succès des conversions au « Dieu de maman Olangi », selon l’expression populaire. Il accompagne de profondes transformations de la société congolaise jusque dans ses composantes transnationales. La question des recompositions familiales autour d’un enjeu fort de sécurité sociale non assurée par l’État est au cœur de cet ouvrage. Il s’inscrit de facto dans les enjeux contemporains de l'Afrique mondialisée et du religieux transnational.

    Présentation du / des auteur(s) :
Bénédicte Meiers est anthropologue, associée au Laboratoire d’anthropologie prospective à l’Université catholique de Louvain. Elle est doctorante en sciences politique et sociale à l’Université de Liège et chercheuse attachée au Centre Pôle Sud dans le cadre de la recherche concertée (ARC) « Transnationalisme, dynamique des identités et diversification culturelle dans les villes post-migratoires » (TRICUD).

***

Enfin, il n'est pas trop tard pour signaler la tenue, demain 14 novembre d'une journée d'études intitulée "Entre mobilité et sédentarité : des communautés pentecôtistes et évangéliques en Belgique à l’heure de la globalisation religieuse" qui se tiendra Salle du Conseil de la Faculté de Droit et de Science Politique Sart Tilman, Université de Liège


Présentation :

La prédominance et la problématisation de l’Islam dans les débats sur l’immigration tendent, en Belgique comme en Europe, à invisibiliser la pluralisation religieuse en cours dans nos sociétés. Pourtant, des recompositions autres se donnent à voir depuis quelques décennies, notamment dans le champ chrétien où, contrastant avec le déclin des Eglises traditionnelles, on observe un dynamisme tout à fait inédit, à la faveur des migrations et des mouvements missionnaires pentecôtistes et évangéliques. Considéré comme la principale transnationalisation religieuse du siècle passé, le pentecôtisme connaît, depuis la fin des années 1960, une expansion spectaculaire en Afrique et en Amérique qui participe du déplacement du centre de gravité du christianisme, vers le sud. Toutefois, à y regarder de plus près, force est de constater que ce centre est mobile et translocal eu égard aux circulations incessantes de certains pasteurs, au fonctionnement en réseau des Eglises ou à l’intensification de l’utilisation des moyens de communication virtuelles. 

Si les transformations récentes les plus importantes sont souvent attribuées aux migrations intra-européennes ou transnationales, force est de constater que les communautés pentecôtistes européennes ont aussi fait l’objet de mutations majeures, notamment sous l’effet des campagnes organisées par des évangélistes internationaux et par le retrait des missions nord-américaines. Des Eglises belges à celles de migrants aux origines et référents propres, le paysage évangélique en Belgique apparaît désormais diversifié et atomisé, appelant à considérer des pentecôtismes et des groupes évangéliques irréductibles à un tout homogène. Dans cette perspective, il apparaît que les pratiques et les discours religieux ne diffèrent pas seulement en raison des différenciations doctrinaires (pentecôtistes, évangéliques, charismatiques, néo-pentecôtistes, etc.) mais de la place accordée par les collectifs religieux à l’ailleurs géographique et social qu’ils entendent conquérir ou auquel ils sont connectés. 

Dans le cadre de cette journée d’étude, nous interrogerons les mutations religieuses en cours depuis les trois dernières décennies en Belgique en examinant les différents types de mobilité à l’œuvre : migrations, déplacements intra-européens, transformation d’Églises autochtones, reflétant les incessantes circulations des évangélistes internationaux. Nous examinerons plus précisément la façon dont ces Églises mettent en tension communauté locale et globalisation religieuse, mobilité et sédentarité, appartenance locale et réseaux transnationaux. 

• De quelle manière la globalisation religieuse dont ces cultes participent, se reflète au niveau local ?

• Comment les réseaux transnationaux ou la référence symbolique ou imaginaire à un universalisme
chrétien peuvent-ils recomposer l’appartenance au local, à la société globale et au monde protestant ?
• Entre volonté d’indépendance et demande de reconnaissance, le prosélytisme religieux fait-il frontière ou au contraire permet-il de traverser les frontières spatiales et sociales ?
• Des dynamiques collectives aux logiques concurrentielles en passant par des formes de repli  communautaire, quelle pluralisation religieuse se donne à voir dans le champ protestant belge ?
• Quelles réactions et relations les Églises pentecôtistes et évangéliques engagent-elles dans la société à l’échelle du voisinage, des institutions ou du politique ?
Les logiques de mobilités et de sédentarité de ces Églises pourront être abordées à partir de différents angles (stratégie d’implantation, recompositions religieuses, demande de reconnaissance locale, réseaux transnationaux, etc.), échelles (individus, Églises, communauté) et temporalités (vie quotidienne, carrières religieuses et migratoires, temps institutionnel). Une attention toute particulière sera apportée aux interactions de ces Églises entre elles, avec les autres confessions religieuses et plus généralement avec la société globale. 
Cette journée d’étude ouverte aux chercheurs de différentes disciplines et de toute la Belgique permettra de dégager les tendances majeures du paysage pentecôtiste et évangélique. Elle sera aussi l’occasion de constituer un groupe de travail en vue de favoriser des rencontres régulières entre chercheurs travaillant sur les mouvements pentecôtistes et évangéliques dans le pays. 


PROGRAMME

9h45 Accueil et présentation de la journée d’étude

1. Matérialité et spiritualité
Modératrice : Sarah Demart (ULg/CEDEM)
10h00 Jean-François Husson (ULg/CRAIG) 
La régulation étatique des communautés confessionnelles en Belgique: conséquences pour les
communautés pentecôtistes 
Discutant : Louis-Léon Christians (UCL/RSCS)
10h30 Jelle Creemers (ETF) 
Church, State, and Money: Belgian Free Evangelical Churches in dilemma
Discutant : Jean-François Husson (ULg/Craig) 
11h00 Pause
11h15 Barbara Menier (ULB/CIERL) 
Les lieux de culte bruxellois comme indicateurs de dynamiques multiples
Discutant : Louis-Léon Christians (UCL/RSCS) 
11h45 Discussion
12h15 Repas

2. Expériences de « hors-lieu » et reformulations missionnaires 
Modérateur : Jelle Creemers (ETF)
13h30 Antony Artigas (UCL/Laap) 
Etre, avoir été et devenir : ce que croire veut dire chez les Tsiganes évangéliques de Belgique
Discutante : Sarah Demart (ULg/CEDEM) 
14h00 Elisabeth Mareels (UCL/Laap)
Des portes de la ville à la conquête des nations. Spiritualisation du local et du global chez les
pentecôtistes brésiliens de Bruxelles 
Discutant : Paul Dibudi Way Way (CUPEI)
14h30 Discussion
15h00 Pause

3. Missions religieuses et organisations collectives 
Modératrice : Elisabeth Mareels (UCL/Laap)
15h15 Sarah Demart (ULg/CEDEM) 
Pastorales congolaises en Europe et pastorale congolaise en Belgique: la difficile formation d'une 
plateforme chez les "élites" de la diaspora
Discutant : Jelle Creemers (ETF) 
15h45 Paul Dibudi Way Way (CUPEI)
Migration et mission : Perspective théologique. Étude sur la contribution missionnaire Africaine en
Europe. Cas de la Belgique 
Discutante : Sarah Demart (ULg/CEDEM)
16h15 Discussion
16h45 Conclusion finale
17h00 Fin 





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire